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Economie

G20 sur 20 ?

lundi 6 avril 2009 |  1824 visites  | Patrick A.

Pendant que tous les regards à Madagascar étaient braqués sur les assises d’Ivato et fihaonam-be du Carlton, une autre réunion, le sommet du G20 à Londres se penchait le jeudi 2 avril sur l’« autre crise », la crise financière et économique mondiale.

Rappelons que le Groupe des 20 (ou G20) est un forum économique qui a été créé en 1999, après la succession des crises financières dans les années 1990. Le but de ce nouveau groupe est de favoriser la stabilité financière internationale et de créer des possibilités de dialogues entre pays industrialisés et pays émergents, ce que les réunions des ministres des finances du G7 ne permettaient pas.

L’Afrique du Sud est le seul pays africain à faire partie de ce groupe. Cependant le Premier ministre éthiopien, Meles Zenami, qui dirige le nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a également été invité à assister au sommet de Londres.

La réunion précédente du G20, tenue à Washington mi-novembre, avait surtout diagnostiqué que la crise financière de 2008 résultait d’un manque de coopération économique, de problèmes d’évaluation des risques, de normes comptables peu adaptées et disparates, et de déficiences quant à la surveillance des marchés. Le sommet du G20 avait condamné la tentation protectionniste et recommandé dans son communiqué final « des mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides » ; il soulignait aussi « l’importance du soutien que la politique monétaire peut apporter dans les conditions appropriées à chaque pays ».

Le sommet de Londres est allé plus loin. Un certain nombre de mesures plus concrètes ont été prises, même si la présentation de ces mesures semble par moments artificiellement gonflée.

Un rôle accru du FMI

La mesure la plus spectaculaire est le triplement annoncé des ressources du Fonds Monétaire International, qui vont passer de 250 à 750 milliards de dollars.

En fait le Japon et l’Europe avaient déjà annoncé chacun (en novembre et en mars) le prêt de 100 milliards de dollars. Le Fonds pourra également vendre une certaine quantité d’or pour aider les pays les plus pauvres touchés par la crise. Le reste, soit quelque 250 milliards, sera levé sur les marchés financiers, par une émission supplémentaire de droits de tirage spéciaux (DTS), l’unité de compte du FMI ; autrement dit, on fera marcher la planche à billets.

Cela reste néanmoins une excellente nouvelle pour l’Afrique. Toutes les ressources du FMI ne seront pas monopolisées par les pays de l’Est et les pays émergents. En 2008 des pays aussi divers que l’Irlande, la Hongrie, l’Ukraine et le Pakistan ont dû recourir aux fonds du FMI. La Roumanie, la Serbie, le Belorus et la Lettonie sont également sur les rangs.

Aide aux pays pauvres

Si le FMI apportera des secours budgétaires sous formes de prêts, des aides au développement à plus long terme ont aussi été annoncées, pour un peu moins de 100 milliards de dollars. Une partie de cet argent viendra des budgets d’aide au développement. Le reste sera levé sur le marché. L’enveloppe sera répartie entre la Banque mondiale et les banques régionales de développement.

Relance du commerce mondial

Ici, les choses sont un peu plus mystérieuses. On a annoncé 250 milliards de dollars, mais la très grande majorité de la somme annoncée semble venir de fonds déjà existants, et les nouveaux engagements ne semblent représenter qu’entre 3 et 25 milliards de dollars. De toute façon, l’essentiel du commerce mondial a lieu entre entreprises. Ni l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ni la Banque Mondiale ne semblent certaines de l’ampleur du problème que poserait un éventuel manque de fonds.

Le point le plus important dans le domaine du Commerce n’apparaît pas dans le communiqué officiel : rendez-vous a été pris en juillet, dans le cadre d’un sommet du G7 élargi aux grands pays émergents, pour débloquer le cycle de négociation commerciale de l’OMC (cycle dit de Doha), lancé en 2001 et actuellement enlisé.

Sauvetage des banques et relance de la consommation : samy mandeha, samy mitady...

Sur les projets pour créer des emplois, augmenter la demande et lutter contre la crise, le sommet a encore été plus vague, et se contente de rappeler que l’injection de fonds publics dans les différents pays d’ici à 2010 sera de l’ordre de 5000 milliards de dollars. En fait, entre les États-Unis, la Chine et le Japon qui ont engagé des sommes massives dans des programmes d’investissement, et l’Europe qui peut s’appuyer sur des programmes de protection sociale déjà mis en place pour limiter l’impact de la crise sur les ménages, les besoins et les soucis d’équilibre budgétaire ne sont pas les mêmes. Pas d’annonce coordonnée de nouvelles mesures donc, et pas plus de nouveautés sur le dossier complexe et peu populaire des plans de sauvetage des banques.

... sauf en matière de gouvernance

Cependant, les pouvoirs du Forum de stabilité financière (FSF) seront renforcés. Cette organisation de banquiers centraux aura entre autres à réfléchir sur la mise en oeuvre de contrôles accrus des agences de notation et des fonds spéculatifs. En matière de rémunérations dans le secteur de la finance, de nouvelles règles au niveau mondial sur les salaires et les bonus devraient également être prises afin de décourager les prises de risques excessives.

En matière de gouvernance, un pas concret a été fait pour lutter contre la fraude fiscale. Le communiqué final du sommet affirme que ‘ l’ère du secret bancaire est terminée ».

Une liste « noire » de paradis fiscaux qui entravent les échanges d’informations dans les enquêtes fiscales a été publiée dès Jeudi.

Une liste « grise » de pays invités à aligner la coopération dans ce domaine sur les standards de l’OCDE a été également publiée. On y voit figurer des pays comme la Suisse et le Luxembourg, mais on peut s’étonner de ne pas voir mentionnés par exemple les îles anglo-romandes ou l’État américain du Delaware.

Reste que la volonté est actée, et que les États qui ne joueront pas le jeu s’exposeront à des sanctions.

Le G20 se réunira à nouveau après la prochaine assemblée générale de l’ONU en septembre.

Et nous, et nous, et nous ?

Si les malgaches devaient retenir quelques éléments de ces sommets, ce serait d’abord le refus répété par les dirigeants du monde du protectionnisme.

La crise de 1929 a été révélatrice : l’Argentine par exemple continue de subir aujourd’hui un retard économique du fait des décisions de Juan Peron à l’époque pour tenter d’isoler son pays des revers de l’économie mondiale.

À l’échelle d’un village ou à celle de la planète, la croissance économique provient de deux moteurs essentiels : l’innovation et le commerce. Le G20 enjoint ses membres de résister aux tentations protectionnistes et de ne pas entraver ces deux moteurs.

Des associations malgaches comme Otrik’afo devraient méditer ce message.

Le moment semble d’autant plus venu que les autorités financières mondiales semblent se montrer pragmatiques sur d’autres points qui ont été particulièrement douloureux pour les populations des pays pauvres. Le Premier Ministre Britannique, Gordon Brown, déclarait ainsi : « le vieux “consensus de Washington” fait partie du passé ». La croyance aux marchés entièrement libres et à la stricte discipline fiscale n’est plus absolue, même au sein du FMI. Même les plus dogmatiques doivent bien tenir compte de la réalité.

Le retour de Madagascar dans le giron du FMI sera donc peut-être moins douloureux qu’il ne l’a été au début des années 80. Mais il ne faudrait pas pour autant en croire qu’il sera très aisé. La fameuse Communauté Internationale aura son mot à dire. À nous d’avoir le nôtre et de venir avec quelques idées.

12 commentaires

Vos commentaires

  • 6 avril 2009 à 16:25 | fandresena (#299)

    izao ihany ny ahy no teniko SAMIA MAHARITRA am zay efa nekena . AZA MISY MIVADIKA fa izay MIVADIKA eo dia MIVADIKA am TANINDRAZANA.
    ADY am FANJANAHAN-TANY ity ka tsy MAINTSy MAHERY DAHOLO isika e !

    TOHIZO HATRAM FARANY ny tolona fa aza taitra am izay olona be esty sy eroa any . Nya ntsika koa mba olona be dia be tsisy tahaka izany raha ilaina sy raha tsisy basy .

    TSY MAINTSY MANDRESY ISIKA MANDALA ny ARa-DALANA ary MOMBA ANTSIKA ANDRIAMANITRA !

    • 6 avril 2009 à 22:32 | Rakoto (#358) répond à fandresena

      Ho an’i Fandresena,
      « Ny hitsikitsika tsy mandiha foana fa ao raha ».

      Ahoana ny fahitanao ireto azo notsongaina avy ao @ io fivorian’ny G20 io !
      1. la lutte contre la fraude fiscale« 2. mettre fin à »l’ère du secret bancaire" !

      = iza no firenena, na mpitondra-fanjakana tokony tsy ahita tory mety ho voasaringotra mikasika ireo !

      Jereo etsy ambany ny fahitako azy !

  • 6 avril 2009 à 17:44 | LE VEILLEUR alias L’EVEILLEUR (#1331)

    - Croissance rime avec essence mais aussi avec croyance.

    C’est vrai, la croissance économique provient de deux moteurs essentiels : l’innovation et le commerce. Mais un moteur sans essence ne peut pas tourner. Essence peut aussi signifier tous les moyens pouvant faire tourner le moteur (Finance, croyances…). A mon avis, parmi les ressources essentielles, pour ne pas dire centrales, il y a nos croyances.

    - Une croyance imposée, à éradiquer : « L’évolution de la société humaine est unilinéaire ».

    Selon l’occident, « Toutes les sociétés ont vocation à évoluer comme a évolué la société occidentale pour atteindre un jour son niveau de civilisation ». Nous savons tous que, selon les époques, les mots « sauvage », « colonisé », « sous-développé » , « moins avancé » signifient la même situation dans l’inconscient collectif de nos bailleurs de fonds. Pourtant toutes les sociétés sont développées, même les plus primitives. Toutes sont le produit d’une évolution de l’espèce. Cette évolution ne suivait pas nécessairement, le même axe et n’engendrait pas les mêmes résultats culturels, politiques, économiques, spirituels, techniques. La « révolution informatique » illustre bien le fait que l’évolution d’une société n’est pas forcement unilinéaire. Il est possible de promouvoir un secteur tertiaire à très forte valeure ajoutée sans passé par la phase historique de l’ère industrielle polluante.

    - De bonnes croyances Malagasy à cultiver, à partir de nos valeurs.

    Otrik’afo, d’autres associations ou des individualités économiques Malagasy devront être encouragés à innover, à échanger voire à promouvoir des recherches appliquées et applicables au cas Malagasy. L’objectif étant de faire émerger l’expression du « bon sens paysan » et les conditions de l’avènement de l’ère Meiji Malagasy. « Ny tao trano tsy efan’ny irery ». Tenez, puisqu’on parle de paysan, 80% des Malagasy sont des paysans. Est-ce qu’il y avait 80% de délégués du monde « paysans » dans ces assises ? Cette lacune devrait être réparer. Cela nous évitera de marcher sur notre tête.

    • 7 avril 2009 à 01:07 | Fihavanana (#1935) répond à LE VEILLEUR alias L'EVEILLEUR

      - Otrik’afo nous semble un peu trop anti étranger donc pas tout à fait crédible...
      Donc pour entrer dans l’ère Meiji je doute que ce soit un bon exemple.
      - En ce qui concerne cette ère il nous semble que le japon est entré dans cette ère parce que l’empereur de l’époque a trouvé trop contraignant cette attitude japonaise d’être en TOTALE autarcie dans le passé.
      Si je comprends bien vous estimez que nous sommes avant cette ère ?
      Il me semble que Madagascar n’est pas de ce côté là, mais par contre n’a pas su y entrer, et donc se retrouve sur le bas côté, comme un accidenté...

      Je ne trouve pas que le fait d’y être puisse changer grandement les choses car les mentalités trop tournées vers le passé ne s’y prête guère.

      Même à supposer que quelqu’un commence à y comprendre quelque chose ce ne sera pas demain la veille.
      - Clearly speaking, the pigs will fly...

      Notez que l’ère Meiji était néfaste pour le Japon :
      des crises perpétuelles...
      Si vous nous dîtes que ce qui nous arrive en ce moment est un cas typique de cette ère meijiienne alors je veux bien y réfléchir un peu...

    • 7 avril 2009 à 11:41 | LE VEILLEUR alias L’EVEILLEUR (#1331) répond à Fihavanana

      Les japonnais ont su conjuguer, articuler « la tradition et la modernité ».

      Nous, Malagasy, sommes appelés à trouver en nous même « des racines et des ailes », des valeurs, des croyances porteuses d’avenir et ouvertes au monde. Des pays comme le Japon ont pu le faire, pourquoi pas nous ?

    • 7 avril 2009 à 14:51 | Fihavanana (#1935) répond à LE VEILLEUR alias L'EVEILLEUR

      « Les japonnais ont su conjuguer, articuler »la tradition et la modernité«  »

      Je ne parle pas de cela mais je faisais référence à l’ère Meiji que vous avez cité.

      Puisque vous y êtes, la mentalité malagasy est encore différente de celle des japonais donc on ne peut pas trop comparer.

      C’est possible mais peu probable pour le moment.

    • 7 avril 2009 à 19:23 | LE VEILLEUR alias L’EVEILLEUR (#1331) répond à Fihavanana

      A Fihavanana

      Quand je parle de l’ère Meiji ou de « l’héritage Meiji », je pense à cette capacité à allier « La tradition et la modernité ». Les Japonais me semblent, pour certains points, plus proche de nous. Ils sont des « orientaux », des « insulaires » comme nous … Mais ma comparaison s’arrête là. Nous avons un avantage indéniable par rapport au Japonais (Samourais !) :

      - Nous avons hérité de nos ancêtres le « Fihavanana »… (Tiens cela ressemble à un pseudo de qulqu’un). Même si pour l’instant, le monde entier attend de la part de chacun des Malagasy une démonstration de force morale sur ce concept.

      - Nous avons aussi un « trésor » qui dort en banque : le concept de « Fokonolona ».

      Des académiciens Malagasy ou des éminents forumistes pourraient-t-ils nous aider à formaliser tout ça ?

      - Ensemble, j’en suis sûr nous le pouvons.

  • 6 avril 2009 à 18:09 | Menabe (#209)

    Une petite boutade : Obama après son périple de Londres, a eu aussi à prendre part á la réunion de l’OTAN. C’était la mascotte en fait à toutes ces réunions des grandes économies du monde. Il se fait écouter cet Obama !

    Tant mieux pour la Turquie ! Obama a plaidé alors la cause de ce pays pourqu’il fasse partie de l’Union Européenne au grand dam de SARKO, qui estimait que c’est aux Européens de se prononcer et s’occuper de cette question et non á Obama de s’y mêler !
    Ce même Sarko offusqué a cependant pris la liberté de dire que Ravalo doit être jugé mëme si son intégrité physique doit être assurée ! Ah double morale quand tu me tiens !

    • 7 avril 2009 à 01:15 | Fihavanana (#1935) répond à Menabe

      Sarkozy se contente de défendre les intérêts français.
      Ne feriez vous pas quasiment pareil ?
      L’entrée de la Turquie est une menace pour les emplois en France et en Europe.
      Je crois que les USA ont des billes en Turquie donc la stratégie d’Obama est tout à fait logique.

      Pour Madagascar, soyons logique :
      il ne va pas mettre en péril les investissements de Total dans cette région sauf si vous voulez nous faire croire que Total n’est pas français.
      - Chiche ?

    • 7 avril 2009 à 03:13 | Menabe (#209) répond à Fihavanana

      A chacun ses complexes !

  • 6 avril 2009 à 22:13 | Rakoto (#358)

    Un des faits marquants de la réunion G20 concerne « la lutte contre la fraude fiscale »... Plusieurs investisseurs et organismes internationaux profitant la zone franche « une zone géographique d’un pays bénéficiant d’avantages tels que l’exonération de charges fiscales » aidés par les dirigeants locaux sont déjà dans la ligne de mire.

    Force est de constater que Madagascar fait parti des pays incluant des territoires « zone franche »...

    Qu’en est il des règlementations sociales, environnementales concernant les projets économiques, les entreprises qui s’y installent etc etc...

    Par ailleurs comme indiqué, il s’agit aussi de mettre fin à « l’ère du secret bancaire » !... Gare à ceux qui font partis de la liste noire ou grise !!!
    ...

    En parallèle la communauté internationale révise le dossier sur Madagascar !!! Les jeux sont à nouveau ouvert !!!

    A suivre !

    • 7 avril 2009 à 01:25 | Fihavanana (#1935) répond à Rakoto

      - Beaucoup de pays utilisent un système de Zone Franche mais personne n’a dit que c’est interdit.
      - La communauté internationale révise parce que la SADC n’a jamais totalement condamnée Andry RAJOELINA.
      C’est un détail important pour que je me permette de le mentionner ici.
      Les jeux n’ont jamais été fermés mais les marges de manoeuvres de RAVALOMANANA se réduisent considérablement de jour en jour.
      Pour une fois, le temps est contre lui.

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