Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 29 mars 2024
Antananarivo | 12h59
 

Editorial

Face à la complexité...

mardi 29 décembre 2009 | Patrick A.

Cette période de fin d’année est propice aux inventaires divers. Impossible donc en cette période de ne pas tenter d’esquisser celui de l’action de Jacques Sylla, dont la vie politique active aura couvert une vingtaine d’années de l’histoire de Madagascar.

L’une des plus grandes difficultés de l’exercice est d’apprécier quel sera le poids relatif que les historiens attribueront au 14 mars 2009 dans l’ensemble de sa carrière.

Ce jour là, Andry Rajoelina retournait sur la place du 13 mai après avoir été obligé de se cacher pendant plusieurs jours. Et il était accompagné de Jacques Sylla, président de l’Assemblée Nationale, qui déclarait qu’il n’y avait plus aucune autre solution à la crise que la démission de Marc Ravalomanana. C’était pourtant le même Jacques Sylla qui était l’un des membres majeurs de la délégation représentant Marc Ravalomanana dans les discussions du Hintsy, discussions qui ont échoué suite aux projets de rencontres avortés des 25 et 26 février 2009 à l’issue desquelles l’impuissance du FFKM apparaissait assez clairement.

On peut constater aujourd’hui que ce ralliement, aussi spectaculaire qu’il ait paru à l’époque, aura finalement peu pesé dans l’affaire : le facteur clé du moment était déjà la mutinerie d’une partie de l’armée, qui même si elle prenait encore quelques précautions pour ne pas s’attaquer de manière trop visible aux détenteurs du pouvoir, donnait toute sa crédibilité aux ultimatums lancés vis-à-vis de celui-ci par Andry Rajoelina.

Sans doute déjà affecté par la maladie et confronté à la concurrence de Ny Hasina Andriamanjato, Jacques Sylla n’eut même pas la possibilité, comme en 2002, d’utiliser le carnet d’adresses qu’il s’était constitué alors qu’il était chef de la diplomatie malgache pour contribuer à l’obtention de la reconnaissance internationale par le nouveau pouvoir. De ce fait, il aura plutôt donné l’image d’un suiveur cherchant à assurer sa sécurité ou celle de sa famille que celle d’un homme maîtrisant sa destinée politique.

Limiter là le récit de sa carrière serait cependant réducteur. Jacques Sylla était foncièrement un homme du centre, et les hommes du centre peuvent être aussi bien considérés comme des médiateurs qui rééquilibrent la balance lorsque le moment le nécessite, que critiqués par les radicaux comme étant des opportunistes prêts à manger à tous les rateliers.

Durant l’essentiel de sa carrière, Jacques Sylla aura démontré qu’il n’était pas un simple beni oui oui. Cela fut particulièrement visible lorsqu’il était Premier Ministre de Marc Ravalomanana, et lorsqu’il ne le fut plus, par contraste des situations et du comportement de l’exécutif. Élu Président de l’Assemblée, il prouva également qu’il n’entendait nullement encourager cette institution à être un organe godillot, quitte à être incompris.

Un des éditoriaux de Madagascar-tribune.com regrettait il y a quelques mois le comportement des courtisans, flagorneurs et autres lèche-bottes qui tendent à créer autour de nos chefs d’État une ambiance aseptisée dans laquelle « tout le monde il est beau, tout le monde il est content ». Jacques Sylla était quand même d’une autre trempe, et ceux qui, atteints d’une certaine myopie, auraient tendance à ne retenir de lui que sa « traîtrise » gagneraient peut-être à méditer sur les nuances entre loyauté et servilité.

On aurait pu donc qualifier Jacques Sylla d’indispensable « fou du roi », si le personnage n’était pas du genre à rarement manifester son humour en public. Jacques Sylla avait peut-être une certaine image de lui, mais il avait avant tout une haute image de la République et des fonctions qu’il représentait. Cette raideur un rien cassante avait des vertus que l’on appréciera d’autant plus en cette époque aux relents anarchiques.

C’est pourtant le même homme qui en 2002, prit d’assaut le palais de Mahazoarivo malgré la signature des accords de Dakar et organisa des milices que l’on appelait pudiquement « réservistes ».

À coup sûr, le personnage était complexe. Comme les situations auxquelles il a été confronté. En cette période de quasi-trêve des confiseurs, son décès donne en tout cas à tous matière à méditer sur comment en est-on arrivé là.

11 commentaires

Vos commentaires

  • 29 décembre 2009 à 08:53 | New Africa (#559)

    Merci Patrick pour cette excellente invitation à la méditation dans une situation complexe comme la notre.
    Jacques Sylla et consorts TIM, à mon humble avis n’auraient du jamais retourner sa veste aussi brutalement. Cela ne fait que troubler la mentalité des pauvres populations et donner un mauvais exemple aux nouvelles générations.

    Chaque politiciens, leaders, militaires etc est responsable de l’image, des vertus, dela vision qu’il donne à son entité et Dieu sait combien nous manquons de bons exemples de vie pour inspirer la création d’une nouvelle société à Madagascar. Regardez ce que fait ce TGV qui un temps fut l’idole des jeunes : coup d’etat, despotisme, non rspect de ses ainés, violence militaire, non respect de sa propre signature, trafic, propagande avant-terme avec son epouse etc...

    Avec tous ces exemples de leaders ultra-médiocres et traitres nous sommes définitivement perdus et honteux devant le monde entier. J’encourage alors tout un chacun de faire ce qu’il peut à son niveau rspectif pour defendre les vraies valeurs de loyauté, de courage, de non-violence et de générosité propres aux Malagasy. sachez que chaque action aussi petite soit-elle compte dans ce contexte de crise politique et scocioculturelel sans précédent.

    Que Dieu sauve notre ile !
    new Africa

    • 29 décembre 2009 à 09:42 | Ted Pitt (#3631) répond à New Africa

      L’inventaire ne sert que ceux qui ont encore un chemin à faire.

      Pour Sylla, l’histoire jugera

      Toutefois, je me pose toujours des questions sur ses motivations à vouloir raviver le PADESM par le biais des petits fils des dirigeants de la première république, et cela, juste après son spectaculaire apparition sur la place du 13 mai.

    • 29 décembre 2009 à 10:09 | Noue (#2427) répond à New Africa

      Moi , je dirai plutôt que chacun peux retourner sa veste seulement :

      Le cas de Sylla : un peu trop extravagant sa montée en tribune aux cotés de Rajoelina !!

      Il aurai pu finir avec en gloire sa carrière de politicien mais malheureusement , au lieu de cela , on ne voit en lui qu’une personne « MPAMADIKA »

  • 29 décembre 2009 à 09:22 | Mbôty (#3544)

    Il y a du bon et du mauvais en chacun de nous. On a l’habitude à Madagascar de faire des louanges aux morts mais quand je pense à Jacques Sylla c’est l’image d’un traître qui me revient à l’esprit. Il n’était plus d’accord avec Ra8,soit,c’était son droit mais il n’aurait jamais dû aller sur la place de 13 mai pour réclamer la tête de son ami. Qu’est -ce qui l’a motivé à faire ce geste ? C’est pour sauver sa peau sans doute mais c’est inexcusable. Il est temps que nos politiciens assument leurs responsabilités mais le mot éthique n’existe malheureusement pas dans leurs vocabulaires.

    • 29 décembre 2009 à 11:11 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à Mbôty

      Ted Pitt,Noue,Mbôty....

      Merci de vos commentaires mais dévoilez-vous pour connaître un « peu » votre vraie pesonnalité.

      Reposez en paix,Cher Jacques SYLLA.

      30 décembre 2009,jour de deuil national pour Maître Jacques SYLLA.

      Basile RAMAHEFARISOA

    • 29 décembre 2009 à 11:23 | hafatra (#1895) répond à Mbôty

      Samy manana ny fijeriny sy ny fomba fanaovany azy ny mpanao politika tsirairay na dia samy milaza fa amin’ny anaran’ny firenena no hanaovany izany .Zavatra telo no azo hitsarana azy ireo :

      1-Fitandroana sy fiarovana ny firenena sy ny fandriampahalemana

      2-Fampandrosoana ny demokrasia sy ny serasera ary ny fifampitondrana

      3-Fanentanana amin’ny fandrosoana ara-toekarena.

      Nahafeno an’izay ve Izy ? antsika no mamaly ...
      Ny resaka ankoatran’izay dia mandany jiro sy fanenjehana tsy mamokatra fotsiny.

    • 29 décembre 2009 à 13:09 | Mbôty (#3544) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      Basile !!!

      Que voulez-vous savoir exactement ?

      Nos commentaires me semblent claires. Malgré les qualités de Sylla,il était un traître et on ne peut pas occulter cette réalité.

  • 29 décembre 2009 à 11:57 | Mandimbisoa (#2104)

    Miarahaba,

    Izay anie lay hilazako hoe : na nahita fianarana toy ny inona aza ianao rehefa tsy misy fandinihina sy fisainana tsy lasa e !

    raha nitondra olona izy hi-contrer an’i tgv mino mihitsy aho fa be no nanaraka azy kanefa naleony niakatra teo ankilan’ity...

  • 29 décembre 2009 à 14:31 | RABEVA (#858)

    S’IL VOUS PLAIT, PAIX A SON AME D’ABORD ! ET RESPECTONS LE DEUIL DE LA FAMILLE AU MOINS JUSQU’A SON ENTERREMENT ! J’AI BEAUCOUP A DIRE MAIS J’ATTENDS JEUDI PAR RESPECT DU DEFUNT ET DE SA FAMILLE, ET PAR ESPRIT D’ETHIQUE . SINCEREMENT MERCI.

    • 29 décembre 2009 à 14:45 | FIPOZ (#2162) répond à RABEVA

      Rabeva, c’est effectivement inconvenant de tirer ainsi sur le corbillard. La douleur de la famille est à respecter. Le temps viendra pour établir sa biographie. C’est seulement après qu’un débat sur sa personnalité pourra s’ouvrir ....

  • 30 décembre 2009 à 16:18 | saricine (#2893)

    Qu’importe sa philosophie et sa manière de gerer sa politique mais ce qui etait evident c’est que celui là n’est pas un homme de parole, n’est pas un homme de confiance.

    Ce n’est pas sa position par rapport à Ravalomanana qui est embetant mais sa façon d’agir par rapport à la situation : vous êtes désigné pour mener la discussion (non pas porte parole) à le hintsy et vous vous osez changer de chaise pour aller en face parce que vous croyez constater que votre mouvance n’a pas raison (« la seule solution est l’eviction de Ravalo »)

    Vous vous osez même aller à la place de 13 Mai pour dénoncer que le pouvoir de Ravalomanana etait le source des malheurs du peuple ; alors que vous y etiez dépuis sept ans ??? acteur dans ce pouvoir !!!

    On a toujours tendance à enoncer les bonnes choses quand une personne est décedée , marque de respect , de reconnaissance ; mais moi, au jour d’aujourd’hui j’ai préferé de mettre le point sur le « i » sur son itinéraire négatif en terme de gestion de l’état, car personnellement on n’est pas là pour « blanchir » une personne afin de « noircir » une autre.

    Sauf s’il y aurai d’autre rubrique qui ne concerne que leche-bottes et idôlatrie.....

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS