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Economie

Chocolat : Va-t-on bientôt manquer de cacao ?

mercredi 11 janvier 2012

(MFI / 10.01.12) De plus en plus de grandes entreprises chocolatières s’inquiètent de leur approvisionnement futur en fèves de cacao. La production augmente mais pas autant que la consommation. On craint un déficit d’un million de tonnes d’ici dix ans.

La principale raison de cette inquiétude, c’est un déséquilibre entre la production mondiale de fèves de cacao et les niveaux de consommation. La production a régulièrement augmenté ces dernières années, mais la consommation encore plus. Les professionnels chiffrent à 2,5 % par an la hausse de la demande mondiale de chocolat et donc de cacao.

Cette hausse vient de l’arrivée de nouveaux consommateurs, principalement asiatiques. Avec la hausse du niveau de vie en Chine et en Inde, il y a de plus en plus d’appétits pour le chocolat et les produits chocolatés. La hausse de la demande vient aussi des pays d’Europe de l’Est, la Russie par exemple. L’Europe et les États-Unis n’ont plus le monopole de la consommation de chocolat.

Vers une forte hausse du prix du cacao

Mais les industriels craignent de ne pas pouvoir répondre à la demande. Avec comme conséquence une forte hausse du prix du cacao et du chocolat. Pour comprendre cette crainte, il faut en passer par les fondamentaux de la matière première qu’est le cacao.
Le cacao, c’est d’abord un arbre, le cacaoyer, qui pousse autour de la ligne de l’Equateur. L’essentiel du parc cacaoyer se trouve en Afrique de l’Ouest.

Quatre pays africains produisent 70 % de la récolte mondiale : le Nigeria, le Cameroun, le Ghana et la Côte d’Ivoire, bien sûr, qui est le premier producteur mondial depuis trente ans. La Côte d’Ivoire n’a cessé de voir augmenter le niveau de ses récoltes. Celle de 2010-2011 a battu un record avec 1,5 million de tonnes. Et c’est la même chose au Ghana, le numéro deux mondial qui approche du million de tonnes.

Des récoltes exceptionnelles

Le problème, c’est que cela ne suffit pas. Les récoltes n’augmentent pas assez vite. Au rythme où cela va, certains industriels estiment qu’il pourrait y avoir un déficit d’un million de tonnes d’ici dix ans. Pire encore, les niveaux de récolte ne sont jamais assurés. Par exemple, en Côte d’Ivoire, la dernière récolte a été exceptionnelle grâce à une météo très clémente. Mais rien n’assure que cela soit de nouveau le cas pour la récolte 2011-2012 qui a commencé au mois d’octobre 2011.

D’autant plus que les paysans ivoiriens ont été livrés à eux-mêmes pendant ces dix dernières années. L’État s’est retiré de la gestion de leur filière, les routes n’ont pas été entretenues. Les plantations ont vieilli. Le président Ouattara prépare actuellement le retour de l’État au cœur de la filière cacao mais il faudra du temps pour que cela produise ses effets et de toute façon, cela ne suffira pas.

Dans l’idéal, pour faire face à l’augmentation de la demande, Il faudrait augmenter les rendements. En Côte d’Ivoire, par exemple, ils sont assez faibles. On pourrait facilement les doubler, voire les tripler. Pour cela, il faut que les planteurs soient mieux formés, qu’ils dominent mieux les techniques de culture. On pourrait aussi imaginer qu’il y ait de nouvelles variétés d’arbres, de cacaoyers. Pour cela il faut de l’argent pour payer la recherche, les formateurs. Il faut aussi améliorer l’état des routes pour transporter sans problème les chargements de fèves.

Mieux payer les planteurs

Mais surtout, il faut que les planteurs soient bien rémunérés, qu’ils puissent gagner leur vie en cultivant le cacao. Ce n’est évidemment pas le cas. Chez le premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire, par exemple, les planteurs sont payés sur la base des prix internationaux, qui bougent à la hausse ou à la baisse. En ce moment, ils baissent. Ce qu’on appelle le prix bord champ, celui payé aux paysans, baisse donc. Mais le coût de la vie, des frais de scolarité, des frais médicaux et des transports, lui, ne baisse pas.

Conséquence de cette volatilité de leurs revenus, les paysans sont tentés d’abandonner le cacao pour d’autres cultures qui sont bien plus rémunératrices, comme le caoutchouc. Les jeunes partent en ville. D’autres pays tentent bien de se lancer dans la culture du cacao, en Amérique latine, l’Équateur par exemple, mais leur production est encore loin de pouvoir régler le problème des industriels du cacao dans les années à venir.

Jean-Pierre Boris

1 commentaire

Vos commentaires

  • 11 janvier 2012 à 13:46 | gasy_kely (#439)

    On peut avoir une carte à jouer dans cette filière. Mais bien sur pour l’instant le plus important, ce sont la consensualité et les élections.

    Je suis pour les élections et contre la forme de gouvernance actuelle, mais je ne pense pas que les élections puissent régler les choses à elle seule. Et dès maintenant, il faut se projeter sur l’avenir et c’est ce qui nous manque. Aucun force politique actuel ne propose des solutions économiques et c’est DÉSOLANT. Alors que tout le monde s’accorde à parler que la feuille de route n’est pas complète.

    Gasy kely tsy mahay

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