Quoi que puissent en penser les thuriféraires et contempteurs des différents bords, la tournure des événements d’hier ne diffère guère de celle de la plupart des manifestations de février et de mars. Un petit sondage informel effectué hier nous a prouvé qu’il y a déjà longtemps que les habitués des quartiers d’Analakely, d’Ambohijatovo ou d’Antaninarenina, complètement blasés par les événements, ont deviné les jeux de manipulation qui se jouent de part et d’autre.
Les manifestations, qu’elles soient TGV ou légalistes, commencent toujours de manière pacifique. Dès qu’il y a début d’échauffourée, la plupart des vrais manifestants s’écarte, et ne restent sur le terrain que d’un côté les forces de l’ordre, de l’autre côté essentiellement des badauds mais aussi des petits groupes de commandos qui, s’ils ont une idéologie, ne doit guère aller plus loin que celle de la castagne.
La sociologie de ces militants du parti de la caillasse et adorateurs de la religion du verre brisé a déjà été étudiée, nous n’y reviendrons pas immédiatement. Mais les témoins oculaires ne peuvent que hausser les épaules en entendant deux types de rhétorique complètement opposées, utilisées de manière parfaitement symétrique par les deux camps en Février et en Septembre.
La première rhétorique est celle qui accuse les forces de l’ordre de réprimer sauvagement une foule pacifique, de tirer à balles réelles sur des femmes et des enfants. À quelques tragiques exceptions près qui ont fait à juste raison la Une de l’actualité, les éléments des forces de l’ordre dépêchés sur terrain font plutôt montre de retenue et s’efforcent de ne faire qu’un usage proportionné des moyens mis à leur disposition. Il y a bien longtemps que les citoyens ordinaires habitués d’Analakely, d’Ambohijatovo ou d’Antaninarenina ont appris (à l’insu de leur plein gré) à distinguer grenades lacrymogènes (l’ordinaire), grenades assourdissantes (stressantes mais peu dangereuses), tirs en l’air (les choses commencent à devenir réellement inquiétantes) et tirs réels.
La seconde rhétorique tout aussi absurde est celle qui rejette en bloc la responsabilité des casses sur les partisans de X ou de Y. La plupart des casseurs n’ont vraisemblablement qu’un parti, qui n’est déclaré ni aux services de la Région, ni au Ministère de l’Intérieur, le parti CCP (Castagne, Casse et Pillages). À moins que la lettre P ne désigne le Pognon. Au vu du désordre qu’arrive à créer un tout petit nombre de durs à cuire, il y a bien longtemps que pas mal d’apprentis-sorciers (ou d’apprentis autres fonctions) ont compris qu’avec 10 millions de francs, on arrivait à pas mal de choses.
Pour ce qui est de l’identité de ces apprentis-sorciers, chaque camp se hâtera de tirer ses propres conclusions. Pour ce qui est d’hier, on peut donner tout autant tort aux meneurs du Magro d’avoir pris, sans doute en pleine connaissance de cause, des risques inconsidérés, que reprocher à Monja Roindefo [1] de prendre prétexte des événements pour refuser une rencontre entre les quatre mouvances et se demander s’il ne devrait pas d’abord penser à balayer devant sa propre porte.
Le petit sondage informel effectué hier dans les rues d’Analakely, d’Ambohijatovo et d’Antaninarenina n’a rien de scientifique, mais révèle aussi la lassitude et le sentiment d’impuissance. On devine que bien des personnes interrogées seraient bien heureuses de se reconnaître dans une cinquième mouvance plutôt que dans celles qui nous mènent par le bout du nez.
Il serait absurde de qualifier cette « cinquième mouvance » de « neutre ». Chacun des individus que nous avons interrogé a sans doute ses propres convictions politiques, et ses choix dans le secret d’un bureau de vote. Mais parce qu’ils sont indépendants du pouvoir politique et n’aspirent pas à y parvenir, ils font bien partie de la société civile, celle qui dans cette crise n’arrive pas à se trouver un moyen d’expression, notamment parce que tous ceux qui s’expriment sont rapidement taxés de mpitady seza [2] ou de taupes. Difficile de trouver un équilibre entre les reproches reçus pour s’être tu et les reproches reçus pour avoir ouvert le bec.
Si 2009 ne ressemble pas à 2002 ou à 1991, c’est entre autres parce que les accords de Cotonou signés en 2003 entre l’Union Européenne et les pays ACP stipulent que la légalité de l’action de l’État se reflète dans son système constitutionnel. Monja Roindefo et Andry Rajoelina n’ont certainement pas suffisamment médité ce que ces mots signifiaient, avant de s’entêter dans une logique de coup d’État où ils évoquent le vahoaka qui leur convient.
Le reste de la classe politique a-t-il pour sa part médité sur ce qui est contenu par ailleurs dans ce texte, notamment la dimension participative incluant la prise en compte de la société civile ? De toute évidence, pas suffisamment, et plutôt qu’à une cinquième mouvance, nous avons droit à des éléments de cinquième colonne infiltrés dans toute « revendication populaire ».
Croisons les doigts en espérant qu’il n’en soit pas toujours ainsi.
Vos commentaires
De toute façon , na ny tsy casseurs aza anie azo omena tambiny ko eh ! raha alohan’ny hilaharana mba hampisehoana eran-tany hoe tena ao tsara izany tafika zany (26 juin) mahazo fisondrotan-karama à raison de 400 000 fmg/pers , nahoana ry zareo no tsy hanaraka izay lazaina ny tokony ataony ?
Ao koa , alohan’manifestation ny sasany , raha omena tambiny lamba mafana sy savony sns...(tampoka teo ? ) nahoana ry zareo no tsy hanaraka ko ?
(zut alors , le serment ne compte pas là dedans hein)
Merci Patrick puisque votre edito m’ a bcp interpellé ! Je vais le relire 2,3 fois ce week-end.
La 5è mouvance pourrait exister à mon humble avis si notre DIASPORA assume sa responsabilité en apportant la part de brique ( si petite soi-elle !)pour la RECONSTRUCTION de notre PAYS...
Quant aux badauds d’hier, ces éléments incontrôlés, ces personnes existent dans toutes les manifestations. Même s’ils ont FAIM, leur geste et leurs actes restent INTOLERABLES et IMPARDONABLES surtout s’ils sont payés et manipulés ??!!
Enfin, La HAT et CAPSAT ne doivent pas avoir la mémoire courte car ILS ONT OCCUPE la place du 13 Mai pendant plus d’un mois sans respirer du gaz lacrymogène et sans être dispérsés par des armes ou grenades de toutes sortes. Si Nadine offre même 1000 tonnes de savon à CAPSAT, les mains de certains militaires, souillées de sang,resteront à jamais SALES !
La HAT a bien trouvé hier une excuse et un fameux prétexte pour ne plus venir à la table de négociation ! QUI A FAIT QUOI ???DANS QUEL BUT ???WAIT and SEE !!!
I TGV tsy hiaro ny tombotsoan’ny vahoaka malagasy, nomen’ny frantsay 50 millions d’euros izy hanonganana an-dRa8 hiarovana ny tombotsoan’ny frantsay.
Badauds et badolahy, mais attention aux tirs, le miaramila ne fait pas toujours le distingo entre le badolahy et le casseur !
Badaud est égale à « vahoaka » dixit Andry, il a intérêt à revoir sa théorie car elle pourrait bien se retourner contre lui. Il suffit d’un déséquilibre pour que le pays soit coupé en deux !
Apprentis-sorciers de tous bords, arrêtez de jouer avec votre « fahefàna », arrêtez de nous prendre pour des c..., arrêtez de vous prendre pour le nombril de Mada, arrêtez...bon sang, arrêtez !!
Si le ridicule ne tue plus, il peut vous rendre chêvre, alors de grâce mettez-vous réellement au boulot, on vous regarde...
Ka inona indray ary no mbola andrasantsika ? Tsy aleo ve esorina any amin’izay ireo ?
Ajanony ity resantsika tsy mamokatra ity. Action amin’izay izao. Sa ahoana ?
Il n’y a rien à ajouter tellement votre analyse est juste et pertinente.
Comment faire pour que notre classe politique cesse de jouer avec la foule ?
Là est la question.
Je vous pose la question sincère suivante : qu’est ce qui se serait passé si on avait laissé ces gens entrer dans la « place de la démocratie » qui, du reste, a été inaugurée par Andry Rajoelina ?
Petite remarque :
Je tiens à vous préciser que j’étais passé à Ambohijatovo à 9h hier (vous n’avez malheureusement pas cette chance car vous êtes à Toulouse !) et les militaires quadrillaient déjà cette place alors qu’il n’y avait pas encore d’attroupement !
Dia tena manararaotra ny fahantran’ny malagasy mihitsy ny mpanao pôlitika, fantany ny tsy ananan’ny malagasy dia ataony izay ananany an’io zavatra tsy ananany io mba ividianany ny safidin-dRamalagasy fa hoy aho hoe tena fanaovana « business » sy fangalan-tseza mihitsy ny vahoaka malagasy.
Izaho aloha tsy manome tsiny izay nandray savony, vary menaka fa mba sitrany ahay ka aleo maty rahampitso toy izay maty anio.
Fa saingy izao tena misy ihany ny marina ao, @ kely nomena mitazona ny teniny noho ny fahatahorana sa fitaizana sa matahotra ny tsy ahazo intsony @ manaraka fa raha izaho no teo @’ireo toeran’olona omena savony sy ny sisa ireo dia vao azoko ny ilaiko dia mody aho. Ny tonga eo @ fitondrana aza vola be fa tsy savony, azony ny azy lasa izy mitaralila, fa @ voalohany fotsiny no toa olo-masina ka maika fa izaho tsy mahazo afa-tsy savony ity(afa-tsy hoy aho fa rehefa tsy manana anie ka lehibe daholo ny zavatra azo maimaim-poana).
Izany aza ireo indrisy mba misy manome kely fa hangala-tsavony aza atao.Tsy hifanomezan-tsiny fa « c’est pour SURVIVRE mais non pas pour VIVRE »
Tsy ny vahiny no fahavalon’ny malagasy sy manararaotra ny fahantran’ny malagasy. Moa na hanao izany aza izy ny malagasy aza anie ny malagasy toa azy ihany no manandevo sy manararaotra ny fahantrany nefa dia mbola izy ihany koa no nampahantra azy.
à Ragasy
Si la HAT a laissé ces manifestants à rentrer Ambohijatovo, les jours suivants cette place ne pourra plus contenir le peuple !!!! TGV et ses acolytes et la Françafrique le savent bien !
Avant s’incriminer les badauds et de casseurs, ne devrions-nous pas commencer par blâmer certains dirigeants de l’état qui se comportent comme de véritables gangsters ?