Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
dimanche 5 mai 2024
Antananarivo | 19h43
 

Société

Travail des enfants

Bataille perdue d’avance

samedi 7 juin 2008 |  482 visites  | Suzanne

Comme beaucoup d’autres pays de par le monde, Madagascar a décidé de se rallier à tous ceux qui, mûs par de louables sentiments, ont promis de mener une lutte acharnée contre toute forme d’activité ne respectant pas les Droits des enfants. Ainsi, tout un programme national a été mis sur pied pour atteindre les objectifs fixés. Jusque-là, à l’instar de nombreux programmes de lutte, les manifestations visibles au niveau des masses populaires, tardaient à se concrétiser. D’ailleurs, pouvait-il en être autrement ? La difficulté de la tâche est évidente surtout dans un pays pauvre et de structure encore largement traditionnelle comme le nôtre. La théorie est aisée et tout le monde reconnaît son bien-fondé mais dès qu’il s’agit de l’appliquer, tout devient si compliqué que la moindre fausse manœuvre risque d’entraîner l’émergence d’un nouveau problème social autrement plus grave. La frontière entre l’exploitation et l’activité « normale » en conformité avec la structure socio-culturelle existante, n’est pas façile à définir, sauf évidemment dans les cas extrêmes pour lesquels aucune hésitation n’est permise.

Toutes ces questions ont certainement été évoquées et étudiées sous toutes les coutures par les concepteurs de la stratégie adoptée pour mener à bien cette lutte ; nul n’en doute ! Pourtant, il semble bien que l’éternel déphasage entre « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas », ou encore la fameuse « fracture sociale » chère à l’ancien Président de la République Française, constitue un obstacle naturel à toute vélléité de réussite. Pour illustrer notre propos, prenons un cas constaté lors de l’opération « descente sur terrain » organisée par la représentation locale du Comité National de Lutte contre le Travail des enfants, qui, tout en voulant faire connaître son existence à la population de Mahajanga, a pu à cette occasion se frotter à la réalité du problème : Parmi les promeneurs dominicaux sur le célèbre boulevard de bord de la mer, plusieurs enfants, tous âgés d’une dizaine d’années, pratiquent le commerce des ballons en baudruche. Interpellés, ils ont désigné la personne qui les faisait travailler. Il s’agissait d’un homme handicapé physique qui a expliqué que, ne pouvant se déplacer pour exercer une activité lucrative en raison de son état, il a embauché ces gamins qui, au lieu de mal tourner, gagnaient ainsi honnêtement un peu d’argent.En plus, commercialement, avec des enfants, les ballons se vendaient nettement mieux. Faisant preuve d’indulgence, les responsables de l’opération l’ ont tout simplement sommé d’arrêter illico cette pratique.

Une première victoire diriez-vous ? Peut-être , mais cet homme qui, jusque-là arrivait à subvenir à ses besoins, comment fera-t-il désormais ? Et les enfants, dont certains avaient besoin de cet argent pour s’acheter les fournitures scolaires que leurs parents ne pouvaient plus assurer ? C’aurait été plus facile si des solutions de rechange avaient pu être proposées pour éviter les plus que probables récidives. Autrement, chaque tentative sera inéluctablement vouée à l’échec. Il n’est nullement question de se mettre des bâtons dans les roues ou de cautionner des infractions aux Droits universellement reconnus, mais force est de constater que, entre lancer la lutte contre l’exploitation et le travail des enfants et réussir à gagner ne serait-ce qu’une bataille sur le terrain, le parcours est encore long et incertain car modifier la condition de l’enfant, implique nécessairement une remise en cause de toute la société dont il fait partie intégrante. Il faut ainsi impérativement prendre en considération le contexte socio-culturel, économique et intellectuel. Ce qui,en somme, nous ramène au débat sur la notion d’« Universalité » qui ne cesse d’agiter le milieu des théoriciens et dont la relativité tend à être de plus en plus acceptée. Et puis, après tout, « Universel » ne rime ps forcément avec « mondialisation ».

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS