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Editorial

Médias médiocres, épisode 2

Au fait...

mardi 11 mai 2010 | Patrick A.

Note préalable

L’éditorial d’hier aurait dû être un éditorial à quatre mains entre Ndimby et votre serviteur du jour. Malheureusement, un incident sur l’ordinateur de Ndimby a provoqué un retard de sa livraison, et une autre panne du côté de mon oreiller [1] n’a plus laissé suffisamment de temps pour intégrer harmonieusement nos deux contributions. Si Ndimby a tout dit ou presque, qu’il me soit néanmoins permis d’apporter un éclairage supplémentaire sur les difficultés pratiques de ceux qui tiennent la plume, ou plutôt le clavier.

Le client est le lecteur, pas le propriétaire

Chacun d’entre nous au sein de la rédaction déplore l’état actuel de notre presse. Elle nous inquiète durablement parce qu’une presse qui ne mérite que la méfiance de ses lecteurs se coupe de ses revenus légitimes.

Un vrai journal vit de son lectorat. Soit directement par la vente et les abonnements, soit indirectement par la présence de publicité. Et à ce titre, Madagascar-Tribune.com se veut un journal comme les autres. Un vrai journal. Vos visites sur ce site contribuent à son indépendance, à sa crédibilité vis-à-vis des annonceurs. Certes, des commentateurs nous ont tour à tour qualifiés d’être pro-TGV ou pro-Ravalo. Et dans un pays où le premier acte de tout apprenti politicien est de créer son propre organe de presse, l’actionnariat du site peut susciter des interrogations. Mais une tradition éditoriale de plus de 20 ans tend plutôt à démontrer que cet organe de presse ne cherche à se vendre qu’à ses lecteurs et n’est pas une coûteuse danseuse des propriétaires.

Le manque de crédibilité de la presse malgache est alors un problème, parce qu’elle finit par rejaillir sur tous les organes. Y compris ceux qui ont su pourtant rester à équitable distance aussi bien des groupes clamant depuis des mois que la reconnaissance internationale était affaire de jours que de ceux qui affirment depuis des lunes que l’effondrement de la maison HAT est imminente.

Et les journalistes peuvent être un problème encore plus grand pour la presse, car il est parfois plus facile d’acheter un journaliste qu’un organe de presse.

Le métier de journaliste est inutilement mythifié

Tout citoyen qui détient une information peut devenir reporter. Les journalistes ne sont que des personnes qui ont des nouvelles et qui les partagent avec d’autres. Tout citoyen peut devenir correspondant, participer au processus éditorial.

Évidemment, tous les journaux ne rapportent pas tous les faits divers de toute la planète. Mais si vous y réfléchissez bien, il est certainement des nouvelles que vous détenez qui peuvent intéresser les médias en ligne que vous lisez. Vous avez vu le dernier spectacle de Mahaleo ? Même si vous n’étiez pas aux premières loges du spectacle ou de l’incident qui a fait la une de la presse [2], vous avez probablement des informations qui peuvent intéresser ceux qui hésitent sur l’intérêt d’aller au prochain spectacle de jeudi, ou pour ceux qui sont déjà décidés à y aller mais se demandent quelles sont les meilleures dispositions pratiques à prendre. Vous avez l’intention de changer d’opérateur téléphonique ? Votre profil de dépense, les réflexions que vous êtes amenés à vous faire en essayant de vous retrouver dans la jungle des tarifs peuvent être des éléments qui intéresseront des personnes dans des situations comparables. Même chose si vous fréquentez régulièrement en tant qu’acteur ou spectateur les stades de football ou de basketball ou si une insomnie vous a permis de voir une émission télévisée rare.

Vous pensez que vous ne savez pas écrire ou n’avez pas le courage de rédiger ? Quelques notes prises en style télégraphique peuvent constituer un matériau à partir duquel des rédacteurs peuvent écrire un article. C’est en se basant sur cette approche que le coréen Oh My News est devenu un des plus grands succès récents de la presse en ligne.

Le métier de journaliste est méprisé

Oui, le métier de journaliste est inutilement mythifié, mais il n’en reste pas moins gravement sous-estimé. Être journaliste, ou du moins être un journaliste sérieux, c’est aussi veiller à ne pas rapporter des « on-dit » non vérifiés, même si ces « on-dit » paraissent crédibles.

Un récit sans indication précise de source n’est, jusqu’à preuve du contraire, qu’une rumeur. Qu’une personne « A » fasse une déclaration sur ce qui a failli se produire est une information exploitable. Que quelques blogs aux auteurs anonymes rapportent qu’il a failli y avoir un coup d’État ou un coup de force, sans citer leurs sources, reste du domaine de la rumeur qui nécessite recoupement. Alors, n’en déplaise à certains forumistes qui voudraient nous voir jouer les petits télégraphistes de service, nous persisterons à « botter en touche » sur les sujets qui relèvent davantage du deuxième cas de figure que du premier. Car information et réflexion se conjuguent mal avec guerre psychologique. Et sur Madagascar-Tribune.com, la hiérarchie de l’information ne sera jamais dictée par quelques intérêts privés.

Et que l’on ne s’y méprenne pas. Ce n’est pas là un choix idéologique, mais dicté par une perception de l’intérêt économique à long terme. Notre premier adversaire n’est pas X ou Y, mais la fausse information.

Les faits, contrairement aux opinions, doivent appartenir à tous. Mais même cela n’est plus vérifié à Madagascar ces temps-ci.

Notes

[1Honni soit qui mal y pense...

[2effondrement d’une tribune qui a fait une douzaine de blessés.

9 commentaires

Vos commentaires

  • 11 mai 2010 à 09:53 | Rainivoanjo (#1030)

    « Notre premier adversaire n’est pas X ou Y, mais la fausse information. » : merci beaucoup pour cette conclusion, vous faites honneur à votre métier et la presse malgache en a bien besoin.

    • 11 mai 2010 à 11:28 | observatrice (#2065) répond à Rainivoanjo

      « la fausse information » : La vérification des sources : c’est le B.A BA du métier de journaliste et doit faire partie de la formation de base . Mais des journalistes aguerris , expérimentés peuvent toujours se faire piéger .

      C’est un métier qui nécessite une vigilance de tous les instants et qui demande une remise en question continuelle . Pour la politique , il faudrait la même démarche pour ne pas dévier en cours de route sur les premières promesses . Et c’est ce qui nous manque malheureusement.

  • 11 mai 2010 à 10:08 | gasibe (#4207)

    Bonjour,

    Je rebondis sur le point à propos des « coup de force ». En effet, nous pouvons toujours se poser des questions sur la véracité d’une information ou rumeur, pas sur les faits avérés, comme c’est le cas dans plusieurs pays d’Afrique. Le danger aujourd’hui, c’est que celà devienne banal !!! Regardez ce qui se passe aux comores ! il est vrai qu’un journal TV (France ô, journal de Mayotte à env. 8h1/2, heure française) ne fait que l’évoquer, mais toujours est-il que les ingrédients et les signes avant coureurs sont DE NOUVEAU réunis pour CE PAYS !

    Seule solution pour que notre pays n’en fasse pas partie, c’est que tous les malgaches, tout un chacun, quelques que soient ses opinions, réprouvent ces agissements qui ne sont plus dignes de notre ère qui est celle d’INTERNET, des multiples chaînes de radio et TV, de multitudes de journaux, ... tous des outils puissants pour partager les idées.

  • 11 mai 2010 à 10:52 | racynt (#1557)

    « Et sur Madagascar-Tribune.com, la hiérarchie de l’information ne sera jamais dictée par quelques intérêts privés. » Vous avez raison de le préciser Patrick car le problème à Madagascar comme Ndimby l’a dit hier c’est qu’il y a une relation malsaine entre les médias et la politique ou pour être plus précis, certains ressemblent plus à des outils de propagande pour influencer les lecteurs ou auditeurs et autres. Pareille pour les journalistes, ceux qui travaillent pour une organe de presse appartenant à un parti politique (MBS et Radio Fahazavana du côté de Ra8 et RADIO TV VIVA ... du côté de TGV ) ne sont généralement pas indépendant donc perdent toute objectivité dans leur analyse.

  • 11 mai 2010 à 12:32 | Mihaino (#1437)

    Les journalistes dignes de ce nom sont de veritables ARTISTES à mon avis ( art d’analyser, art d’écrire, art de critiquer, art de proposer, art d’informer et non de désinformer ni de déformer ).

    Chaque matin, je suis agréablement surpris par toutes les personnes qui s’arrêtent devant les kiosques à journaux pour lire les ppaux titres ...Elles veulent être informées de tous les évènements ( politiques,sociaux,spectacles, faits divers etc...) qui se sont passés dans le Pays. C’est une preuve que les gens sont intéressés par les informations.
    Dans les villages éloignés, les habitants écoutent les journaux parlés de leur petit transistor .En ville (c’est mon cas), j’ai dans mes liens favoris tous les sites des journaux malgaches . D’autres citadins suivent quotidiennement les journaux télévisés ...

    Vous avez donc le DEVOIR et la lourde charge de BIEN COMMUNIQUER et il est souhaitable que les journalistes respectent leur déontologie et qu’ils évitent la pratique de la politique partisane et la propagande parfois surdimensionnée ...

    Bon courage et bonne continuation à tous les journalistes et Vive la liberté d’expression !!...

  • 11 mai 2010 à 13:13 | Citoyenne Malgache (#599)

    Je vais me décaler de la crise actuelle pour parler de mon appréciation de nos médias en temps « normal ».

    Il y a quelques années, j’avais assisté à une sortie de promotion de quelques centaines d’ingénieurs d’une grande école à Tana. Le soir en regardant les nouvelles à la télé, je n’étais pas surprise qu’aucune chaine n’en parlait... Mais par contre, plusieurs chaînes ont accordé plusieurs minutes de leur JT sur la sortie de promotion d’une dizaine de coiffeuses.

    C’est une anecdote un peu caricaturale, mais il apparait que souvent des évènements « techniques » ne sont pas couverts, contrairement à d’autres qui apparemment « rapportent » plus.

    Alors, je me demande dans quelle mesure nos médias ont la volonté de chercher et nous servir réellement de l’information.

  • 11 mai 2010 à 14:43 | da fily (#2745)

    Ah la presse, la presse en général, tous azimuts et à tous les râteliers..!

    Nonobstants quelques plumes et verves de qualité, il nous est obligé d’admettre que le journalisme, dans ce pays rouge et vert qui est Mada, est un concept d’appartenance à la couleur qui se vend du moment. Un vissage en règle de convictions fortes dans le ciboulot de l’auditoire et du lecteur, sinon une machine à scoops pour la foule en mal de sensations. La rhétorique du journaliste lambda qui consiste à clamer « il faut informer avant tout ! » connaît dans bien des cas, des dénouements salutaires à plusieurs zéros derrière un chiffre, on pourrait légitimement le supposer ici à Dago. En celà, je ne mets nul en doute la probité du seul journaleux malagasy, son congénère d’autres latitudes est lui aussi en mauvaise posture pour lui donner des leçons ! Il n’y a pas que sa gamelle à remplir, le cerveau du lecteur doit être rempli lui aussi, quitte à y enfoncer ce que l’on veut !

    Mais que voulez-vous, le journalisme ne fait pas exception de ces métiers demandant une acuité, un savoir-faire, une abnégation, une conviction, voir une éthique, l’application de ces valeurs est soumise à la rude épreuve de la pression du milieu ambiant. Si ce n’est une excuse recevable de se cacher derrière ce piètre prétexte, c’est en tout cas le lot commun du journalisme traitant de la politique. L’organe de presse, quel qu’il soit, a toujours été un formidable faiseur d’opinion, son existence se nourrit de mettre, démettre, construire ou détruire pour abreuver la soif de cet humain qui n’a de cesse de savoir ce qui se passe, ce qui s’y passe et qui passe. Et s’il y a de « bons journalistes », ce serait quoi un mauvais journaliste ? Car il serait « mauvais » pour qui ? Pour l’objectivité ? Laissez-moi rire, ce mot s’est depuis longtemps drappé du linceul de l’information sacrifiée sur l’autel de la rentabilité, afin de faire passer des vessies pour de l’halogène. Comme biens des choses de ce bas monde, on finit toujours par replacer la quantité au dessus de la qualité.

    J’aurai un bon mot pour nous sortir de l’ignorance noire, car le journalisme voudrait qu’il en soit l’outil à la portée de tous :

    « le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée » Albert Camus. Je dédicace cette citation à tous les journalistes achetés, vendus et péripathétiques.

  • 11 mai 2010 à 19:02 | john (#4271)

    Bernard Tapie qui a tout compris, a montré son mépris à l’égard du journaliste dans sa célèbre citation :

    « Pourquoi acheter un journal quand on peut payer un journaliste ».

    Prêcher dans le désert a plus de chance d’être entendu que de parler de la neutralité de certains journalistes, que ce soit dans un pays pauvre ou riche. La seule différence se trouve peut-être dans la manipulation de la communication.
    Dans les pays riches, les journalistes ont cessé de prendre leurs lecteurs pour des C on S, et ils essaient tant bien que mal de manipuler les gens de manière intelligente. Ils sont assez bien payés pour ne plus être tentés d’accourir au moindre appel de THB ou de whisky des hommes politiques qui veulent se payer une publicité à moindre frais.

    Certains journaux pour ne pas dire torchons malgaches servent de propagande au service d’un individu et d’un parti. Quand une personnalité ne se courbe pas, un apprenti- journaliste-conseiller utilise sa poubelle pour lui tirer dessus sans retenue, comme ce qui est arrivé à la mairesse d’Antsirabé. C’est devenu une habitude chez certains journalistes d’utiliser leurs écrits pour descendre leurs ennemis politiques. L’apprenti journaliste, formé sur le tas aura de la difficulté d’utiliser son sens d’ objectivité ou de la déontologie dans l’exercice de ses fonctions, car il n’en a pas acquis la culture que les années d’étude en journalisme procurent.
    Tout le monde n’a pas la trempe d’un « Stéphane Jacob ». C’est le seul journaliste qui a mon admiration car je ne l’ai jamais vu, pas une seule fois en flagrant délit de malhonnêteté intellectuelle en vendant son âme ou en prenant de manière éhontée et honteuse une position partisane.
    Des conseillers qui continuent de pondre des éditoriaux ou d’ autres articles comme le relève si bien Ndimby conduisent sciemment les lecteurs non avisés de l’amalgame, en erreur. C’est malhonnête, mais c’est TGV et nous sommes vaccinés des frasques et des malhonnêtetés de la part de ce régime putschiste.
    John

  • 12 mai 2010 à 10:24 | kotondrasoa (#3872)

    Arakan’ny fampianarana nomen’i dadanay ahy dia tsy misy asa ambany fa ny fomba fanatanterahana azy no maha-ambany azy.

    Marina tokoa fa ny fomba fampitàna vaovao dia vitan’ny tsirairay avy rehefa tsy dia mavesa-tànana loatra eo am-pitazomana penina kanefa hafa, tena mbola hafa ny matihanina.

    Efa nisy niteny moa hoe ny « déontologie » mihitsy no tsy voahaja satria misy mila omena karama vao tonga misehatra manara-baovao iray ny mpanao gazety ; misy aza moa tsy mankany akory fa manao copie-coller amin’ny namana.

    Efa voalaza foana fa 4ème sa moa firy-ème pouvoir ny Journalisme fa ny mampalahelo ahy dia ny « journalistes d’investigation » eto amintsika tsy misy sa tsy misy firy ka lasa ny mpanao gazety indray no manely tsaho.

    Nisy nivory HONO tary ananona. TOA ranona hono no ho lasa minisitra.

    Etsy andaniny koa moa ny mpitondrantsika dia mavesa-molotra ka voatery mampiteniteny foana ny mpanao gazety izay tsy azo adino fa mikarama manangom-baovao ka lasa hoe « source officielle anonyme » na « source bien informée » sisa no entina mianjaika ka raha diso ilay vaovao dia mianjaka ho azy ilay mpanao gazety fa lazaina ho tsy matotra.

    Dia asa re olona fa dia anareo no mahita azy.

    Ny marina anefa tadidio fa tsy mba maty ka, aleo aza mangina toy izay hamadika izany.

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