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Société

Le « mirage Bahamas »

Attention aux déceptions !

samedi 4 août 2007 | Alexandre L.

Il est 7 heures du marin du côté d’Antsahavola, en face du siège de la compagnie d’ « Assurances Aro », une foule évaluée à plusieurs milliers de personnes s’empressent autour de la porte du service du ministre du Travail. Un visiteur dans la capitale peut se demander quelle est la raison de cet étrange attroupement à une heure si matinale d’autant plus qu’aucun artiste de renom n’est dans le parage. En fait, il s’agit des candid

Jeanine a 21 ans, ancienne ouvrière dans une entreprise franche sise à Andraharo, la jeune femme voit dans l’offre d’emploi pour les Bahamas l’occasion de sa vie d’avoir un avenir meilleur. Et pour être sûr que son dossier est bien déposé auprès des recruteurs, elle a fait le déplacement d’Antsahavola dès 5 heures du matin. « Il faisait encore noir », tient-elle à préciser.

A côté d’elle, se tient un homme de quarantaine d’années. « J’ai voulu participer à l’aventure libanaise mais je n’ai pas eu la chance de s’y rendre. Heureusement peut-être, vu la condition dans laquelle les partants étaient traités. Mais il n’y a pas question de rater celle-ci. J’ai confiance, l’Etat s’y est engagé », fait-il remarquer. Et quand on le questionne sur les raisons qui le poussent à partir, sa réponse est très simple : « je veux sortir de la pauvreté, pour moi-même et ma famille ».

Indicateur de développement humain

Quoi qu’il en soit, l’engouement populaire sur ces emplois montre bien que les Malgaches n’ont pas besoin d’indicateurs fournis par les organismes internationaux pour savoir que finalement le pays vit dans une situation socioéconomique difficile. Car ces queues qui s’allongent sur plusieurs centaines de mètres sont plus révélatrices du problème quotidien des Malgaches que les IDH, taux d’investissement, taux d’inflation ou autre taux de croissance du PIB. Un économiste précise même que c’est la faillite des discours officiels sur la prétendue croissance économique de Madagascar.

D’ailleurs, ces candidats à une immigration de travail sont unanimes en parlant de l’aggravation depuis des années, de la situation générale des travailleurs malgaches. En entendant la somme proposée par le futur employeur, ils n’ont pas hésité à affirmer que dans leur rêve le plus fou, ils n’ont jamais imaginé toucher plusieurs millions d’Ariary. « Si je serai choisi, adieu le problème d’argent au quotidien, adieu les tracas pour trouver de quoi payer le loyer ou l’écolage de mes enfants », espère un père de famille. Il est prêt à laisser femme et enfants pour le Bahamas, « c’est pour eux que j’ai postulé pour un poste de machiniste », se justifie-t-il.

Attention à l’illusion

Mais là où beaucoup d’observateurs posent des questions, c’est l’apparente similarité entre ce cas Bahamas avec celui du Liban. On se souvient encore qu’à l’époque, l’agence qui s’est occupée des travailleurs malgaches a également reçu des promesses de la part du pouvoir public. Malgré cela, on sait ce qu’ils étaient advenus.

Pis, beaucoup parmi ceux qui font la queue devant le ministère du Travail pense qu’il s’agit d’un accord intergouvernemental. Mais il n’en est rien. En réalité, ce sont des offres d’emploi venant du secteur privé gérés par des agences de placement américaines. Et plus d’un se demandent pourquoi l’entreprise en question n’a pas voulu embaucher des travailleurs venant d’un pays anglophone comme les Bahamas plutôt que de se rabattre sur notre pays. Visiblement, l’explication fournie par les recruteurs n’a pas convaincu les spécialistes du monde du travail. D’ailleurs, ces derniers tiennent à préciser que, contrairement à ce que la population croit, les Bahamas ne font pas partie des Etats-Unis d’Amérique. Et malgré le fait que le SMIG y est très élevé par rapport à ce qu’il est chez nous, le niveau de vie dans cette île des Caraïbes l’est également. « J’ai peur que le salaire annoncé n’arrive même pas à faire à couvrir les dépenses mensuelles des travailleurs », ajoute le responsable d’une agence de placement malgache. Attention, « tout ce qui brille n’est pas de l’or ! », disait Tolken dans le « Seigneur des Anneaux ».

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