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94 dollars de dette extérieure par tête de pipe !

lundi 16 juin 2008

Du vieillard qui va bientôt rendre son dernier souffle, en passant par les trois ou quatre générations contemporaines (grands-parents, parents, enfants, petits-enfants), jusqu’au nouveau-né arrière-petit-enfant, chaque Malgache doit 94 dollars (151 810 Ar environ, soit 759 050 de nos anciens FMG). Et l’arrière grand-père qui rend l’âme aujourd’hui transmet à son arrière-petit-fils qui va naître sa part de dette.

Quand on sait que l’écrasante majorité de la population doit survivre avec moins de 1 dollar par jour, qu’il a toutes les peines du monde à trouver ce malheureux dollar au jour le jour – les deux tiers au moins des Malgaches, sinon plus, n’ont jamais disposé, en une seule fois, de 10 000 ariary ! – on ne peut que s’indigner du cynisme avec lequel le représentant du FMI à Madagascar affirme que le volume actuel de la dette est « supportable ». Il nous parle de la magnanimité des créanciers qui ont accordé une « annulation » de dette, mais il ne dit pas que les « débiteurs » ont déjà remboursé dix fois la valeur des sommes empruntées.

Et maintenant que la dette de notre pays est « supportable », il n’y a plus qu’à s’endetter de nouveau, pour 35 ans et plus… et pour rendre encore dix fois ce que l’on va nous prêter.

Les « experts » et les portes-parole des usuriers internationaux que sont les IFI (institutions financières internationales) et autres bailleurs étatiques ou privés veulent nous faire gober à coup de chiffres et de pourcentages leurs actions assassines. Les faramineuses dettes antérieures n’ont fait qu’appauvrir l’immense majorité des Malgaches en enrichissant outrageusement les multinationales étrangères et un nombre infime de nationaux au pouvoir.

Comme son nom l’indique, le produit intérieur brut (PIB) dont on nous rabache les oreilles, c’est la richesse brute générée par le pays (par l’exploitation des ressources minières, les matières premières agricoles, et autres). Plus ce PIB est élévé, plus les multinationales (et leurs serviteurs nationaux) se réjouissent. Car personne ne souffle mot de la répartition de cette richesse… Personne ne révèle quel pourcentage de ce PIB est rapatrié dans les pays riches, quel pourcentage empochent les dirigeants, et qu’est-ce qui reste pour « la masse », s’il en reste… En vérité, le peuple malgache ne voit pas la couleur de ce PIB. Ou plutôt, il n’y voit que du noir : il est de plus en plus pauvre. « Parole, parole, parole ! » comme aurait chanté Dalida… Cela fait plus de trois décennies que la Banque Mondiale, le FMI et consorts nous promettent le développement avec leur crédits. Mais leurs programmes d’ajustement structurel et autres DCPE - DSRP n’ont fait que nous appauvrir pour mieux les enrichir. Il nous faut apprendre sans délai à décoder toutes leurs statistiques, et surtout ne plus admettre que les dirigeants, qu’ils se soient imposés ou qu’il aient été choisis, ne plongent notre pays dans la spirale infernale de la dette extérieure, telle qu’elle nous est prescrite aujourd’hui. A cette allure d’endettement, Madagascar sera dans moins de 20 ans dépouillé de toutes ses richesses… Il est plus que temps que les Malgaches réagissent pour préserver l’avenir de notre descendance.

Fara Mananjandry
13 juin 2008

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